L’équipe de Dailleurs se réjouit de recevoir des voix jeunes, et c’est un vrai plaisir d’accueillir parmi nous Lia, poétesse syrienne qui nous envoya il y a quelques semaines trois textes en demandant « un avis là-dessus ».
Lia est toute jeune, passionnée de poésie et d’un talent prometteur qu’elle ne demande qu’à enrichir. Acceptant quelques suggestions, elle a revu ses poèmes et m’a rendu sa copie. La voici.
Un souvenir
Elle était un soleil
Brillant
Rieur
Et de bon conseil.
Tout en elle incarnait une reine :
De ses cheveux d’ébène, rappelant la Céleste nuit,
Ses yeux, faits de lumière berçant l’obscurité,
Sa posture, évoquant la noblesse d’un chêne.
Son charme était la lune.
J’emporterai son souvenir avec moi jusqu’après.
Mais malgré moi, sa mémoire s’éteint.
Et à ces pensées, je succombe au vertige.
Oh, qu’est-ce que j’aurais payé
Pour lui parler une seconde,
Pour l’enlacer, et sur sa joue déposer un baiser,
Pour me replonger dans son monde.
L’heure a sonné pour que je m’en détache.
Mais en serai-je capable ?
*
Aux yeux de tous, jamais fautive ?
Je ne comprends pas cette maudite humanité.
Qui me pardonne toutes mes cruautés.
Qui envers moi n’a pas de rage.
Comme si le mal n’était qu’un mauvais rêve
Je voulais briser des cœurs,
Les casser de ma colère.
J’ai surmonté tous les obstacles
Même les avocats les plus aiguisés se sont tus.
J’aurais voulu un vacarme
Pour taire mes remords
Mais à la place, je n’ai eu que silence,
Des sourires gênés et des têtes baissées.
Rien de ce que je voulais
Et maintenant, je dois apprendre à vivre.
*
Fantôme
Lumière ou bien ténèbres :
De quoi suis-je faite ?
Je dirais de pénombre,
Car au final, je ne suis que fièvre.
Avec mon silence fébrile, j’étouffe
Les péchés d’une humanité
Qui écrase les identités.
Tapi dans l’ombre, mon spectre attendra
Le parfait moment pour surgir.
Et révéler la vérité derrière nos sourires.
Je ne suis ni démon ni ange.
Ni noire, ni blanche.
Je suis un faisceau de lumière.
Alors, oui je suis un fantôme qui attend avec impatience
De condamner l’ignorance.

Photo : John M. Harkness
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