Nabeela Ahmed est originaire de Bradford, qu’elle a quittée pour le Cachemire à l’âge de neuf ans. Elle raconte que son grand-père, au Cachemire, adorait la poésie et chantait du matin au soir, mais qu’à l’époque les femmes pakistanaises ne choisissaient pas leurs chemins de vie. La littérature, la poésie et la photographie ne réapparaîtront donc pas dans la vie de Nabeela avant plusieurs années.

De retour à Bradford, elle étudie, fonde une famille, puis revient à la poésie une vingtaine d’années plus tard. Elle écrit en trois langues : l’anglais, l’ourdou et le pahari. From Kashmir to Yorkshire (Yaffle Press, 2025) est sa première publication. Mais Nabeela fait bien plus qu’écrire : elle est très active sur la scène poétique de la région. Elle propose des lectures et des ateliers, compile des anthologies, présente son travail dans les musées et participe à de nombreuses initiatives poétiques multilingues.

Dans ses écrits, Nabeela explore avec finesse et humour les thèmes de l’identité, de l’amour et de la condition féminine. Peut-être plus encore, elle évoque l’universalité de la condition humaine et notre rapport à la nature :

When I’m gone
search for me in streams
coming down hills
over dark, mossy rocks…
 
One day, we’ll have to accept —
ocean, vapour, rain, stream, river —
we are all just part of one.
 
Quand je ne serai plus là
cherche-moi dans les ruisseaux
qui descendent des collines
sur les sombres rochers moussus…
 
Un jour, il faudra qu’on accepte —
océan, vapeur, pluie, ruisseau, rivière —
que nous ne faisons qu’un.

Je l’ai entendue pour la première fois à Bradford, lors de l’une des manifestations poétiques ponctuant cette année 2025 où la ville célèbre son titre et son statut de City of Culture. Bradford s’est fait peau neuve pour l’occasion. On aime y flâner, y redécouvrir des quartiers rénovés, fleuris, pittoresques.

Tout près du National Science and Media Museum et du théâtre de l’Alhambra — où Rudolf Noureev dansa en 1986 ! —, au premier étage de la bibliothèque de Bradford, j’ai assisté à des lectures sur L’amour au XXIᵉ siècle. Nabeela y a lu deux textes à la fois tendres et subtils, évoquant un amour empreint de compréhension, de tolérance et de bienveillance.

Son poème Love Language m’a fait sourire tant il évoque, avec humour et justesse, les manières si diverses d’exprimer son amour : elle, tout en mots ; lui, tout en gestes. Dans leurs différences se cache, au fond, la même vérité.

J’ai commandé le livre de Nabeela ; il fera l’objet de ma prochaine chronique.

Photo : site itsoninbradford.co.uk

0 commentaires

Soumettre un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

treize − onze =

Valérie Harkness est la fondatrice du site D’Ailleurs poésie. Pédagogue, traductrice, tisseuse de liens multiples entre les cultures, notamment britannique et française, elle a porté sa passion de la langue dans de nombreux recueils parus entre autres aux éditions Rhubarbe, Jacques André, du Petit Véhicule ou Henry.