Ce qui m’attire dans la poésie d’Amina, c’est son rythme – il y a une sorte de chant dans ses lectures que je trouve assez fascinant. De plus, il y a les images créées par les métaphores qu’elle utilise (souvent très belles) et le mélange de mondes différents. Mais n’oublions pas que dans l’écriture d’Amina, la beauté et la douceur cohabitent avec un sens aigu du réalisme (et de l’humour) comme dans Fatuous Sunbeams (traduit ci-dessous).
J’ai hâte d’écouter Amina encore une fois cette année. Je suis sûre que ce sera, comme toujours, un moment précieux.
Mais d’abord, faisons plus ample connaissance avec elle à travers ce petit CV :
Amina Alyal a publié deux recueils de poésie : The Ordinariness of Parrots (2015) et Seasons of Myth (2016). Il y a aussi des collaborations avec Oz Hardwick, par exemple avec The Still et Fleeting Fire (2021). Elle a édité ou coédité des ouvrages académiques dont, avec l’université de Cergy-Pontoise, Victorian Cultures of Liminality (Cambridge Scholars, 2018), Text and Image in the Long Nineteenth Century (2023), Classical and Contemporary Mythic Identities (Edwin Mellen, 2009) ainsi que des ouvrages d’écriture créative dont Words from a Distance (Stairwell Books, 2021) et Tasseomancy: Creative Responses to AI (The Tea Set, 2024). Elle a publié des articles académiques sur la Renaissance et l’époque victorienne. Basée a Leeds Trinity University, elle travaille souvent au carrefour de disciplines, parfois synesthésiques, entre le texte et l’image visuelle, la musique et la parole, ou les langues. Elle a coécrit mots et musique avec Oz Hardwick et Karl Baxter, a également écrit pour Kaminari UK, le groupe de percussions japonais, ainsi que pour Leeds Lieder.
Fatuous Sunbeams
I see a poet gliding through the grass,
eyes aflame with daffodils and red,
something skipping at the edge of sight,
tortoiseshell, and always just ahead.
I see a poem sliding through the glass
sweet as a beam imprinting pots of gold;
but in a moment clouds obscure the gleam,
the poet left bereft, forlorn and cold.
I see a poet swish its tail with sass,
sense dancing promises amongst the leaves
cool as a Blue Adonis − and the poet leaps −
but, claws as always void, as ever grieves.
An endless lepidopteral pursuit, alas,
awaits this poet, as others of its class.
Inutiles rayons de soleil
Je vois un poète qui glisse dans l’herbe,
les yeux enflammés de jonquilles et de rouge,
quelque chose sautille en bordure de la vue,
écaille de tortue, et toujours juste devant.
Je vois un poème qui glisse par la vitre
doux comme un rayon imprimant des pots d’or ;
mais en un instant la lueur s’assombrit,
le poète est parti dépourvu, désespéré et froid.
Je vois un poète remuer la queue avec insolence,
je sens les promesses danser dans les feuilles
cool comme un Adonis bleu − et le poète bondit −
mais ses griffes sont toujours vides, toujours endeuillé.
Une poursuite sans fin de lépidoptère, hélas,
attend ce poète, comme d’autres de son genre.
Valérie Harkness est la fondatrice du site D’Ailleurs poésie. Pédagogue, traductrice, tisseuse de liens multiples entre les cultures, notamment britannique et française, elle a porté sa passion de la langue dans de nombreux recueils parus entre autres aux éditions Rhubarbe, Jacques André, du Petit Véhicule ou Henry.
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