bois
boursouflures de suif
ta main contre la peau tendue, le pied
de l’arbre a volé en éclats
les seaux vomissent leurs ventres noirs et
sur le visage des hommes en lame de canif, seuls
la bouche, les chicots, l’haleine
terrible
ont quelque chose de vivant –
le rose de tes paumes, leurs heures :
goudron jusque
dans les plis de l’âme
*
zalew
ton seau, un filet
de taille moyenne
la petite hache pour la glace
et puis le silence, là, parmi les arbres
la joue plissée du lac
*
pablo
ses yeux tranquilles
le jardin lui appartient comme
la lumière, le vol des merles ou le souffle
qui se glisse entre les branches bleues
dans son regard, la sagesse
du très simple, la langue des matins
quand elle vient et ouvre le jour
dire la ligne des cornes, l’attention
tout entière tournée vers quelque chose
que je ne verrai pas
pablo songe : entre ses dents
une dernière capucine de joie

Urszula Grabowska, détail du tableau Pablo zjada nasturcje (« Pablo croque les capucines »)
Née en 1974 dans une famille franco-polonaise, Natacha Ruedin-Royon grandit entre le Massif central et la Mazurie, région de lacs et de forêts dans l’est de la Pologne. Établie en Suisse orientale depuis 2007, elle consacre une grande part de son temps à lire, à traduire, à écrire parfois et à regarder ses filles grandir. Quelques textes (essentiellement des poèmes, en français ou en allemand) ont été accueillis par des revues (Orte, La Cinquième Saison, L’Épître) ainsi que par le site terre à ciel. D’autres ont été exposés ou lus, par exemple à Zurich ou à Saint-Gall. Paru en 2021, le recueil de poèmes weihergespräche est consacré à Wiborada (ⴕ 926), patronne des bibliothèques et recluse saint-galloise (Kantonsbibliothek Vadiana). Parmi les traductions littéraires de l’allemand : des poèmes de Manfred Peter Hein (alidades, 2017), Nadja Küchenmeister (Cheyne, 2018) et Werner Lutz (à paraître chez érès, collection Po&psy, 2026).
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