cette nuit
à cause de l’ennui
j’ai fait un grand détour
tu éclatais bleu encore sans source ni plafond
l’arbre m’a raconté sa promenade
là-bas
sur le bois dur de la neige
il disait
courbes d’homme de femme
pavillons d’oiseaux
vignes de mémoire nouvelle
viens danser avec moi
— le vertige a fui après
les draps entreprenant des sillages à dévorer
… … … …
avant les mains creuses
ou le sac mélangé et commotionné
j’aurais aimé connaître le bleu des lances et
la voix d’arbres attroupés dans son corps
et savoir qu’il suffit d’y rattacher ses os
pour éviter de tomber
— mais tu es parti
plus vite que mon sang
plus vite que nos ancêtres qui avec le vent terrible
mettent tout en feu dans la chambre contiguë
je crois que
le bleu se porte au cou comme pour la neige
c’est l’estuaire à l’horizontale sans faille de l’hiver
— tu répétais ce jour est une peau de ciel à remercier
… … … …
il y a des jours
où comme un temple
la glisse dans l’escalier
surprend mon visage en boule
une démolition sans poème
un rouge dont les cris me laissent en désordre
tu aimais celui de l’automne
évoquais ses poussières
rebondissant inlassablement jusqu’à
ignorer la lumière
j’ai encore mille ancrages à fixer
pour l’oiseau apeuré à mes pieds
il y a des jours comme ça
Franco-québécoise d’origine, Geneviève Catta est née en 1963 et vit dans les Laurentides, au Québec, depuis une dizaine d’années. Études en littérature, création littéraire & interprétation musicale (violon) ; animation d’ateliers d’écriture créative. Deux recueils de poésie publiés : La minute passe sur les épaules de ta voix, Pierre Turcotte éditeur, 2022 — finaliste 2023 du prix d’excellence Poésie La Métropole ; Dans le cercle du ciel, avec la poète grenobloise Sandrine Davin, Z4 éditions, 2024. Elle a reçu le deuxième prix d’excellence Gaston-Miron 2024 (poésie) ainsi que le prix Paulette-Chevrier 2021 (prose). Le mot de la fin — essentiel : « Je cesserais de m’abreuver avant de cesser d’écrire. »
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