1

La ville découpe le corps de travers.

Des pépinières je n’ai vu que le flou, sauf des pourpiers en fleurs et des plantes crevettes, sans les deux lèvres qui fendent leurs corolles. Je marche penché, un peu comme elles.

Après, sur le pont, une sorte de peur.

Qu’est-ce qui se tait et qu’est-ce qui crie ?
Ce qui revient au même à l’intérieur.

Les noix d’arec ont mûri.

2

Pas de ciel ni de lune à travers les manguiers, mais un couvert de poussière, des bruits composant la route, l’ampoule nue d’un bar, nous qui buvons en face une mauvaise bière. On ne voit que des yeux qui ont creusé le jour. Il y a des cris, des motocyclettes. Les entailles de la peau. Les sons-éclairs de vies dont une part est muette. Le chantier de nos corps qui ont été pesés. Le trou dans nos têtes.

Kambélé 18:47

3

revisser la formule
des pièces emportées
par les cargos de nuit
qu’aux dos d’elles l’on note
des provenances imaginaires
villes penchées sur l’eau
ou
pays des caresses
et de la fantaisie

en quittant les rochers
ceints de cordages bleus
de grises effiloches
passant le bois flotté
remonter le chemin
devant notre maison
celle qu’avons rêvée
quand il fallait partir

ne sommes pas allés
jusqu’à Rio Campo
mais ce n’était pas loin

Photo : Serge Marcel Roche

0 commentaires

Soumettre un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

1 + 5 =

Serge Marcel Roche

Né à Lyon en 1957. Après 24 ans passés dans une petite ville de l’Est-Cameroun, entre savane et forêt, vit désormais à Yaoundé. Publication de textes en revues (dont Voix d’encre, Arpa, Meteor), sur divers sites littéraires (Les Cosaques des frontières, Œuvres ouvertes…) et son blogue Chemin tournant. Parution en juillet 2023 de Journal de la brousse endormie, éditions La Rumeur libre.
À paraître, chez le même éditeur, Sans mot dans l’ombre du visage.