Je pense qu’il est de Leeds ou de quelque part dans le nord de l’Angleterre. Quand je l’ai rencontré, il animait des discussions poétiques et il écrivait. Il ne présentera pas ses textes à l’occasion du Bilingual Event 2024 mais il y assistera. En effet, Andy est aussi musicien et il s’est tourné ces dernières années davantage vers la musique. Il joue (et chante) dans un groupe : Jumbo Chords, dont le style me semble très proche de sa poésie.

Son dernier recueil, Letters to a First Love from the Future, paru chez Half Moon Books en 2018, m’a touchée non seulement parce qu’il est tendre, romantique, jeune, discret et profondément sincère, mais aussi de par les souvenirs qu’Andy évoque d’un passé à jamais perdu et pourtant si poignant encore. J’y ai reconnu bien des joies, des soupirs, des songes, des paysages même de mon propre passé ici à Leeds.

C’est l’histoire d’un premier amour et du petit monde riche de rêves de la jeunesse.

On the last day I didn’t love you
I was fifteen, and the universe
Was the size of small village.
 
Le dernier jour où je ne t’aimais pas
J’avais quinze ans et l’univers
Était de la taille d’un petit village

C’est l’histoire de moments partagés dans un passé révolu où tout était tout neuf, où il ne fallait finalement pas grand-chose pour se sentir léger (bien qu’avec le recul, ce « pas grand-chose », c’était déjà tout…

I walked along the railway lines
All night, all night,
The stones singing under my shoes
A stolen kiss on my mouth.
 
J’ai marché le long des voies ferrées
Toute la nuit, toute la nuit,
Les cailloux chantaient sous mes chaussures
Un baiser volé sur ma bouche.

C’est aussi l’histoire du passé qui retient et qui cherche sa place en soi.

I root amongst bags and boxes
For something mislaid
In a jumble of attachments.
 
It’s getting so I cannot turn around
Or close a door behind me.
 
Je fouille parmi sacs et boîtes
Cherchant quelque chose d’égaré
Dans un fouillis de pièces jointes.
 
J’en suis à ne plus pouvoir me retourner
Ni fermer la porte derrière moi.

C’est enfin l’histoire qui aurait pu être, qui se déroule peut-être encore sous d’autres regards.

You’re too young to know about endings
And I’m too old to believe in them.
 
Tu es trop jeune pour connaître les fins
Et je suis trop vieux pour y croire.

Ce qui rend ce recueil aussi attachant, c’est qu’il est un peu comme un magasin de brocante où tout se tient et tout est beau. Les images ne manquent pas. Les dates nous (r)appellent que tout est encore là.

On se met à chiner. Ne pas repartir bredouille.

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Valérie Harkness

Valérie Harkness est la fondatrice du site D’Ailleurs poésie. Pédagogue, traductrice, tisseuse de liens multiples entre les cultures, notamment britannique et française, elle a porté sa passion de la langue dans de nombreux recueils parus entre autres aux éditions Rhubarbe, Jacques André, du Petit Véhicule ou Henry.