Sibérien
Testé la force dans les courbes
le vent possède
des muscles durs
Derrière le souffle
étincelles effleurant Laponie
Corneilles
neige au bec
ombres
de lapis-lazuli
Emmitouflée en ours
mais les abeilles
envolées
trace de miel dans la ruche
sous givre
Au village crayeux
dépassant l’étang gelé
le traîneau postal apporte
une odeur de loup
de Sibérie
Mots de pluie
Les mots de pluie
m’inondent
Absorbée par les gouttes
immergée dans les nuages
je pleus
vers la béante
bouche écarlate
du pavot
(sans titre ?)
Néanmoins les roses
en hauteur d’été
lépidoptères
ailes de mouettes
dessus la rivière
Non
je n’oublie pas
les années brûlées au fer
je n’oublie pas
que des bottes
ont piétiné l’arc-en-ciel
qu’elles se sont armées
pour nous transmuer en
roses de feu papillons de feu ailes de feu
néanmoins en hauteur d’été
le parfum
la double ailette dessus le fleuve
l’or sur ma peau
et les roses mortes
suite à la nuit
Dent-de-lion
Astral-délicate sphère
permets-moi
pour l’improbable
durée d’un instant
avant que le vent
ne te désouffle
laisse-moi
de ton arithmétique
miracle
louanger
Christian Garaud est né à Poitiers en 1937. Il est membre du comité de D’Ailleurs poésie. Après avoir enseigné le français en Irlande, en Suède et au Canada, il est devenu professeur à l’université du Massachusetts à Amherst, où il s’est tout particulièrement intéressé à Victor Segalen, Jean Paulhan, Annie Ernaux et au problème du stéréotype. Il réside maintenant à Washington. Depuis 2004, il écrit poèmes, textes et traductions dans une dizaine de revues en France et aux États-Unis. Il a publié en français entre autres aux éditions Décharge/Gros Textes, des Vanneaux, ou La Porte. Aux États-Unis, il fait aussi partie d’un groupe d’une cinquantaine de membres faisant circuler des poèmes inédits en anglais sur la toile tous les quinze jours.
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